Marrakech, mes dix coups de coeur

Texte et photographies : François

Matériel photo : Canon EOS 750D + objectif EF-S 17-55 mm F/2.8

La semaine dernière, je me suis rendu à Marrakech. Cela faisait longtemps que j'avais envie de voyager au Maroc et cela a été une bonne première expérience dans ce beau pays. Lorsque j'y suis arrivé, je dois bien avouer que j'ai d'abord été totalement déboussolé. Je me suis retrouvé dans des rues et des ruelles noires de monde, parcourues par des piétons, des charrettes tirées par des ânes, des calèches, des vélos, d'innombrables mobylettes, des voitures... Dans ce chaos, la première chose à laquelle j'ai pensé a été de ne pas me faire renverser ! Et puis, j'ai de suite ressenti un certain harcèlement de rue que ce soit de la part des jeunes proposant leurs services pour être guidé dans la médina ou des vendeurs dont il est parfois difficile de se défaire. Finalement, au fil des jours, j'ai appris à m'orienter seul, à décliner poliment mais fermement les propositions diverses et j'ai alors pu commencer à profiter de mon voyage. Derrière de lourdes portes, j'ai découvert de magnifiques riads. Pour échapper à la torpeur de la ville, j'ai recherché la fraîcheur des jardins. Je me suis enfoncé de plus en plus dans les allées des souks, ai visité des palais des mille et une nuits. Après une semaine passée sur place (incluant un vol en montgolfière et une escapade de deux jours à Essaouira), je vous livre dans cet article mes dix coups de cœur.

Lorsque j'arrive dans une nouvelle ville, j'aime bien me rendre tout de suite dans son cœur névralgique. Dans la médina de Marrakech (la vieille ville), il s'agit sans conteste de la Koutoubia. Cette mosquée fut construite au XIIème siècle par les Almohades (emmenés alors par Abd el-Moumen). Son minaret est le point le plus haut de la ville et culmine à 69 m (hors flèche). Il est d'ailleurs interdit de construire plus haut. C'est lui qui a servi de modèle à la Giralda de Séville. Il est considéré comme l'un des plus beaux monuments d'Afrique du Nord. Techniquement parlant, sachez qu'il est impossible de visiter la Koutoubia : comme toutes les mosquées de Marrakech, l'accès en est en effet interdit aux non musulmans. Néanmoins, en faire le tour sur un espace très dégagé (fait exceptionnel dans la médina où tout est exigu) est déjà un très beau spectacle ! Personnellement, j'ai beaucoup aimé l'ambiance qui y règne en fin de journée (ainsi que dans le jardin adjacent). Lors de l'appel à la prière, tous les sens sont chamboulés ! 

De là, il est ensuite possible de s'engager sur la place Jemaa-el-Fna ("Big Square"). En ce qui me concerne, ce n'est pas forcément l'endroit de Marrakech que j'ai préféré mais, lors d'une première visite, c'est à voir. Le soir, la place s'anime au rythme des charmeurs de serpents, des montreurs de rapaces... On peut manger dans l'une des innombrables gargotes qui enfument l'atmosphère ou sur une terrasse avec vue sur la place. Si vous voulez faire des photos, soyez prévenus qu'à chaque déclenchement, on va à coup sûr vous demander de l'argent ! Le mieux est de prévoir de la petite monnaie dans une poche et de jouer le jeu.

La Koutoubia et son minaret

La place Jemaa-el-Fna

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Les souks s'étendent pour la plupart au Nord de la place Jemaa-el-Fna. Lorsqu'on y entre, on quitte un large espace pour un environnement on ne peut plus confiné. C'est grâce à l'étroitesse des ruelles que la ville se protège du soleil. Certaines portions sont d'ailleurs couvertes. De chaque coté, les marchandises débordent des boutiques. Vous y trouverez de tout : cuir, vannerie, tissus, lanternes ajourées, tapis, fruits secs, épices, pâtisseries orientales… Une cascade de couleurs et de senteurs ! Lorsque vous y plongerez, attendez-vous à vous y perdre et à y rester plusieurs heures ! Seul bémol pour moi : l'insistance des vendeurs et le fait de devoir systématiquement marchander. Certains s'en amuseront peut-être mais j'ai trouvé cela un peu fatiguant.

Les souks

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Quand vous serez las de l'agitation des souks, je vous conseille vivement de pousser la porte du Jardin Secret (50 Dh + 30 Dh en option pour monter au sommet de la tour du jardin). A la seconde où l'on y entre, on est immédiatement coupé de la frénésie de la ville. Ici, tout est calme et détente, ô joie ! La première section du jardin présente une belle collection de plantes exotiques. Puis, après avoir franchi un petit bâtiment, on arrive dans le plus grand espace conçu selon le modèle du jardin islamique : quatre parterres séparés par deux allées perpendiculaires se rejoignant en une fontaine au centre. Outre le calme des lieux, j'ai adoré les faïences au sol et les tuiles vernissées d'une magnifique couleur turquoise et les voilages des bâtiments ! Au fond du jardin, un petit café-terrasse peut être l'occasion d'un rafraîchissement dans ce lieu enchanteur. C'est aussi là que vous pourrez prendre le deuxième ticket (en option) pour monter à la tour. J'ai trouvé la vue pas indispensable mais cela a été l'occasion pour moi d'observer au loin le minaret de la Médersa Ben-Youssef (actuellement fermée pour travaux). A noter enfin, à deux pas de là, un très agréable restaurant où j'ai aimé manger : Le Bougainvillier.

Le Jardin Secret

Vue de la tour du Jardin Secret vers le minaret de la Médersa Ben-Youssef

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Que ce soit dans mon quartier (au Riad Merstane dans le secteur de Bâb-Taghzout) ou dans n'importe quel autre, une chose est sûre : à Marrakech, on vit chez les chats ! Il y en a partout ! Je dois dire que j'ai d'abord été un peu peiné de constater l'allure famélique de certains (sans compter les borgnes, les cabossés, les abîmés de la vie). Mais, comme pour tout, on s'y habitue et moi qui adore les chats, j'ai apprécié d'en avoir autant autour de moi. J'ai aussi remarqué dans les ruelles de nombreuses gamelles d'eau et de nourriture posées par les habitants ci et là : des chats qui ne sont à la fois à personne et à tout le monde.

Autre coup de cœur à Bâb-Taghzout : la mosquée de Sidi-bel-Abbès, à coté de laquelle je serais peut-être passé sans la rencontre avec Abdoul (un sympathique habitant du quartier qui m'en a fait faire une super visite !). Bon, ok, à la fin, il m'a conduit chez un de ses amis marchand de tapis à qui j'ai dû prendre une ou deux babioles mais cela n'a en rien gâché la gentillesse de cet homme.

Les chats de Marrakech

Abdoul, rencontré à Bâb-Taghzout

Mosquée de Sidi-bel-Abbès

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Le Sud de la médina n'est pas dépourvu de points d'intérêts, bien au contraire ! Il concentre en effet trois sites fortement conseillés lors d'une première visite à Marrakech : le Palais el-Badi, sur les remparts duquel on peut voir de nombreuses cigognes, le Palais de la Bahia, chef d'œuvre de l'art marocain et les tombeaux Saadiens.

Ces derniers se trouvent juste à coté de la mosquée Moulay Yazid dont j'ai beaucoup aimé le minaret et le double mur d'enceinte qui plonge dans l'ambiance de la "ville rouge" ! Cette mosquée fut construite entre 1185 et 1190, à la demande de l'Almohade Yacoub el-Mansour ("le victorieux") et elle est donc contemporaine de la Koutoubia.

L'entrée dans les tombeaux Saadiens se fait juste à coté de la mosquée au bout d'un petit chemin (10 Dh). Rappelons que les Saadiens furent la dernière grande dynastie à avoir régné sur Marrakech (après les Almoravides et les Almohades). Leurs tombeaux sont l'occasion d'admirer de magnifiques décors de stucs (bas-reliefs sculptés dans le gypse), de zellige (la mosaïque marocaine) et des muqarnas (plafonds en nids d'abeilles). Des éléments qui m'ont à nouveau rappelé l'Andalousie.

Autour de la mosquée Moulay Yazid

Les tombeaux Saadiens

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Durant mon séjour, je n'ai pas eu l'occasion de visiter le Palais el-Badi (qui était alors réquisitionné pour le festival du "Marrakech du Rire"). J'ai pu néanmoins en découvrir les remparts (de l'extérieur) et leurs fameuses cigognes. Cela a aussi été l'occasion de passer par la Place des Ferblantiers où je me suis amusé de la circulation trépidante ! On y trouve aussi d'agréables terrasses pour déjeuner et, dans les rues adjacentes, beaucoup de marchés aux épices.

En revanche, j'ai pu visiter le Palais de la Bahia (10 Dh). Celui-ci fut construit vers 1880 et servit de demeure au vizir Ba Ahmed. Il est considéré comme un chef d'œuvre de l'art marocain. La visite commence par un magnifique patio dont j'ai adoré les stucs, le zellige, les plantes exotiques et la fontaine centrale. Seul défaut : le palais recevant pas mal de visiteurs, et le patio se trouvant en début de visite, cela bouchonne pas mal ! Privilégiez une heure matinale si vous en avez la possibilité. Ensuite, on découvre une multitude de salles et de jardins en enfilades : à voir sans hésiter ! 

Marché aux épices

Palais de la Bahia

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A l'extérieur des remparts de la médina, on trouve la nouvelle ville de Marrakech et, notamment, à l'Ouest, le quartier de Guéliz. C'est le secteur des grandes avenues, des boutiques de marques et des hôtels plus ou moins luxueux. Rien de bien intéressant me direz-vous ? Sauf que c'est aussi là que vous trouverez le fameux Jardin Majorelle.

Ce jardin fut d'abord la propriété du peintre Jacques Majorelle qui y installa son atelier. Celui-ci est peint d'un bleu vif (aujourd'hui appelé "bleu Majorelle") qui, avec le vert de la végétation et le jaune des jarres, rend l'endroit incroyablement photogénique ! Revers de la médaille : les visiteurs s'y massent et les influenceuses d'y jouer les gravures de mode en quête de LA photo qui fera des "likes" sur Instagram. Un peu agaçant... Si vous en avez la possibilité, je vous conseille donc de venir très tôt pour découvrir cet endroit dans le calme qu'il mérite ! A noter également qu'après avoir appartenu à Jacques Majorelle, le jardin a aussi été la propriété du couturier Yves Saint Laurent qui y passa les dernières années de sa vie. Un musée vient d'ailleurs de lui être consacré juste à coté du jardin. A l'entrée, vous aurez le choix entre un ticket simple pour visiter le jardin uniquement (70 Dh) ou un ticket combiné comprenant le jardin, le musée berbère (installé dans l'atelier du peintre) et le musée YSL (180 Dh).

Quand on sort des remparts

Plongée dans le bleu Majorelle

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Au matin de mon quatrième jour, je me suis réveillé tôt... TRÈS tôt (4 h) ! Une navette est en effet venue me chercher à mon riad pour me conduire vers une activité assez exceptionnelle : un survol de la région de Marrakech en montgolfière (cadeau d'anniversaire reçu pour mes 40 ans !). Une fois à bord du 4*4 de "Ciel d'Afrique", nous avons d'abord roulé une petite heure, dans la nuit noire, pour rejoindre la base de décollage. Sous une tente au milieu de nulle part, nous avons ensuite pris un petit déjeuner pendant que l'équipe s'est affairée au montage des deux ballons du jour. Une fois que tout a été prêt, nous nous sommes installés dans les nacelles et sommes partis pour une heure de vol environ pendant laquelle tout a été d'une parfaite tranquillité. Après que les ballons se soient élevés, leurs brûleurs se sont tus pour laisser place à un silence absolu. Et de laisser défiler lentement les montagnes de l'Atlas, les villages et autres troupeaux de moutons. Une très belle expérience !

Mise en place des ballons

Une heure de vol

Atterrissage à la campagne

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Lors d'un séjour à Marrakech, je vous conseille très fortement de faire une escapade d'un ou deux jours à Essaouira, MON coup de cœur du voyage ! D'abord, il faut savoir qu'il est très facile de rallier une ville à l'autre. En ce qui me concerne, j'ai choisi de le faire en bus. J'ai pris celui-ci à la gare routière (qui se trouve juste à coté de la gare ONCF dans le quartier de Guéliz). J'ai voyagé avec Supratours en première classe (vu le prix, je pouvais me le permettre). J'ai été très surpris par la qualité de la prestation : car flambant neuf, sièges très spacieux et confortables, climatisation, téléviseur...). J'ai pris le bus de 9 h et étais arrivé à Essaouira avant midi. Cela m'a coûté 190 Dh l'aller-retour. A noter que pendant cette escapade, je n'ai pas quitté mon riad de Marrakech pour pouvoir y laisser mes bagages : j'ai donc voyagé avec juste un petit sac à dos. Cela a représenté un petit surcoût mais c'était très agréable et je le referais sans hésiter. Si vous arrivez un peu en avance avant le départ du bus, ne manquez pas le joli street art qui se trouve à quelques pas !

Street art à coté de la gare ONCF

Autre raison qui fait pour moi d'Essaouira une étape incontournable : l'ambiance qui y règne est radicalement opposée à celle de Marrakech. Là où, à Marrakech, on est plongé dans un tourbillon incessant, à Essaouira, vous découvrirez une destination incroyablement calme ! On peut déambuler très tranquillement dans les ruelles de sa médina, s'attarder devant les étals des souks (sans qu'un vendeur ne vienne vous importuner dans la seconde qui suit)... L'air marin aurait-il un effet apaisant ? A moins que ce ne soit celui de la musique gnaoua !

Dernier atout, et pas des moindres : la médina bleue et blanche d'Essaouira est d'une beauté hypnotisante !

Les portes bleues de la médina d'Essaouira

Et ses passages

Dans la médina, ne manquez pas la Sqala. On désigne ainsi les remparts qui ceinturent la vieille ville et font face à l'océan avec leurs canons. En dessous, les anciens entrepôts de munitions sont aujourd'hui occupés par des boutiques. Plus au Sud, on atteint le port. Au retour des pêcheurs, en fin d'après-midi, on peut y assister à la vente des poissons (tandis que des centaines d'oiseaux se mettent à tournoyer dans le ciel). Un spectacle à ne pas manquer ! Et que dire des bateaux bleus traditionnels ainsi que des petits entrepôts de stockage du matériel : une vraie carte postale ! 

La Sqala côté ville

La Sqala côté port

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J'avais lu avant de venir à Marrakech que certains voyageurs détestent, d'autres adorent. Ce qui est sûr, c'est que la destination est enivrante, pleine de contrastes et qu'elle ne laisse pas indifférent. Avant de reprendre mon avion, il me restait un peu de temps. J'ai donc déambulé là où tout avait commencé : à la Koutoubia sur laquelle je me suis offert de jolies vues depuis le Parc Lalla Hasna. Comme je le dis souvent, il n'y a maintenant plus qu'à attendre de revenir ! 

La Koutoubia vue du parc Lalla Hasna

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